![façade de la CCI Lille métropole](esj_soussol/partc/images/c12av.jpg)
La façade de la
CCI : un des plus beaux bâtiments lillois
![locaux techniques CCI Lille métropole](esj_soussol/partc/images/c12cv.jpg)
Les tuyaux ont envahis
les caves de la CCI
(photos Anne-Sophie Pelé)
|
|
A
quelques mètres sous terre, les sous-sols de la Chambre de commerce
et d'industrie de Lille-Métropole représentent un univers
à part. Un monde qui tranche indéniablement avec la vie
paisible que l'on mène à la surface. Un labyrinthe qui nous
entraîne à la frontière des époques et des
sensations. Voyage au cur des mystères de la cité
lilloise.
En
haut, ambiance feutrée, moquette, climatisation, plantes vertes
et secrétaires en tailleur. En bas, bruits assourdissants, murs
de briques, chaleur étouffante, tuyaux et bleu de travail. En haut,
une administration comme tant d'autres avec ses téléphones
et ses dossiers ; en bas, un labyrinthe de couloirs, de portes cadenassées
et de secrets enfouis. Les sous-sols de la Chambre de commerce et d'industrie
de Lille-Métropole, qui s'étendent sur plusieurs kilomètres
de couloirs et de salles en enfilade, recèlent en tout cas de nombreuses
surprises. Résurgence d'un autre temps, d'un passé lillois
pas tout à fait disparu. Un monde du dessous à mille lieues
de l'atmosphère lisse et uniforme de celui du dessus.
Voyage au centre
de la terre
L'ascenseur
qui descend. Encore et encore. Soudain, une sonnerie retentit. On est
arrivé. Où ça ? On ne sait trop. Juste quelque
part en bas. La porte s'ouvre. Il fait plutôt sombre. Seuls quelques
néons viennent éclairer d'une lueur blafarde les alentours.
Face à nous, des murs gris ; au-dessus de nos têtes,
des tuyaux multicolores. Devant, l'inconnu. « On est à
peine à trois mètres de profondeur » signale
M. Veryepe, directeur des services techniques de la CCI, comme pour nous
rassurer. Pourtant, on a plutôt l'impression d'être à
vingt mille lieues sous les terres.
Arrive
alors une première salle. Le décor est un peu curieux. Sorti
d'on ne sait quelle époque. Des murs de briques rouges, des voûtes
médiévales donnent au lieu un air de moyen-âge. Mais
des bureaux métalliques entassés dans un coin ainsi que
plusieurs halogènes nous ramènent à la réalité
présente. Et puis des tuyaux, toujours des tuyaux. Rouge, vert,
gris, jaune. Par terre, contre les murs, suspendus au plafond. Partout
des tuyaux comme dans ces films à l'ambiance futuriste. Bref, c'est
un peu Blade Runner au pays des donjons.
![chaufferie CCI Lille métropole](esj_soussol/partc/images/c12b.jpg)
Au
loin, un drôle de bruit. Une sorte de murmure d'abord. Puis le bruit
augmente, devient souffle, ronflement, puis enfin grondement. On continue
à cheminer dans les allées sombres, on monte, puis on redescend.
Des marches, des tournants, des portes qui s'ouvrent et se referment aussitôt.
Impossible de revenir en arrière.
Puis
soudain, au détour d'une pièce, plus rien. Le son s'est
tu brusquement. Juste le silence. Un silence pesant, assourdissant. On
continue à progresser dans le dédale. Encore une porte.
La clé tourne dans la serrure. Et le bruit reprend, plus fort que
jamais. C'est sûr, cela vient de derrière la porte. « On
ne descend presque jamais ici. Vous allez voir quelque chose que peu de
gens ont l'occasion de découvrir », dit M.Veryepe. On
s'attend alors à voir surgir je ne sais quelle créature
surgie des profondeurs.
La
porte s'ouvre. Et en fait de monstre, il n'y a que trois énormes
boîtes rouges qui ronronnent, flanquées ça et là
de quelques manivelles et de plusieurs appareils de mesures. « C'est
la chaufferie, dit M.Veryepe. Avant, on se servait des vieilles caves
à fioul. Mais maintenant, tout est plus moderne ».
On
continue à descendre. La température augmente imperceptiblement
d'abord, puis devient vite insupportable. « C'est à
cause des vapeurs de la chaudière » explique M.Veryepe.
Les tuyaux rouges associés à cette chaleur donne à
cet endroit un air d'enfer et aux visiteurs l'impression d'être
parvenu dans les entrailles de la terre.
Mais
ce n'est qu'une impression. Quelques marches et nous voici revenu à
un climat hivernal. « Regardez au-dessus de vous »,
dit M.Veryepe. Au-dessus de nos yeux, une grille au travers de laquelle
filtrent quelques rayons lumineux. Et à travers les barreaux, le
distributeur de billets de la Poste ! Sans doute, la dernière
chose que l'on s'attendait à voir là. « On est
passé de l'autre côté du mur d'enceinte de la Chambre »,
précise M.Veryepe. On est maintenant sous le trottoir, puis sous
le boulevard Carnot. Au dessus, les voitures qui passent. Imperturbables.
En fait de profondeurs souterraines, nous n'étions qu'à
moins d'un mètre de la surface.
De l'enfer au
paradis
Mais
déjà, le périple continue. Au détour du chemin,
d'autres surprises. Un compteur électrique géant , puis
une pièce remplie de dossiers et d'étagères. Les
archives de la CCI. Un morceau de la mémoire de Lille reposant
tranquillement sous la rue Grande Chaussée. Mais le clou du spectacle
est ailleurs.
Plusieurs
marches à nouveau. Une porte verrouillée qui s'ouvre, laissant
voir une pièce tapissée de moquette couleur pastel et garnie
de fauteuils confortables. Une grande porte sur notre droite. Les battants
s'ouvrent. Et on découvre alors le trésor de la CCI.
![la salle Descamps](esj_soussol/partc/images/c12d.jpg)
Une
immense pièce recouverte de parquets, agrémentée
au fond d'une scène et garnie de quatre grandes colonnes en marbre.
Les murs sont recouverts de boiseries et de miroirs. Une décoration
un peu baroque, quelques statues. C'est la "salle Descamps", autrement
dit la salle de réception de la Chambre de commerce.
Depuis
plus d'un demi-siècle, cette pièce a vu passer plusieurs
congrès, quelques soirées de remise de diplômes, des
mariages aussi. Derrière, on trouve des toilettes, des vestiaires
et même une cuisine digne d'un chef. Pour un instant, on a complètement
oublié qu'à quelques mètres se trouvent ces couloirs
tristes et assez lugubres que nous venons de traverser. Qui aurait pu
deviner que cette sorte d'Olympe, royaume des dieux reconstitué,
se nicherait sous la CCI et tout près des débarras, chaudières
et autres compteurs électriques...
|