(photos
: Vincent Michelon)
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On
a dit beaucoup de choses sur les caves de l'ESJ. Un spectre y circulerait,
perdu jusque la fin des temps, condamné pour l'éternité
à réclamer ses bobinots à 120 francs hors taxes.
Mais foutaises que tout cela. Il est temps, aujourd'hui, que la vérité
soit exposée au grand jour. Reportage aux frontières du
réel.
Une chose est sûre, les caves de notre école sont propres. Le sieur de Mattéis, en technicien de toutes les surfaces, à récemment payé de sa personne pour enlever 20 mètres cubes de crasse de nos sous-sols adorés. Avait-il été prévenu par une fuite de l'administration d'un possible reportage sur la partie souterraine de son domaine ? En tous les cas, le résultat est là : les couloirs des fondements de l'ancien institut de physique sont aussi rutilants que les cuisines d'un resto japonais.
Dans le plus pur style
germanique, le labyrinthe de corridors de la cave ESJienne n'est pas sans rappeler moult films d'horreur. Les luminaires déchaussés qui pendent ça et là y sont pour beaucoup. Quand les soupiraux se font rares l'aventurier téméraire qui ose s'enfoncer dans les entrailles de la bête doit se tenir prêt à déguster quelques parpaings. Mais le jeu en vaut la chandelle, car chaque salle recèle une kyrielle de trésors, généralement disposés dans un
capharnaüm savamment orchestré.
Des trésors cachés
Prenons
la salle des archives vidéo, par exemple. DSK n'y retrouverait
pas une cassette de Méry.
Mais les piles de boîtes renferment des trésors de journaux
ratés, de mises au point cafouilleuses et de cadrages à
la Godard. Une belle
leçon d'humilité pour la cohorte de journalistes sortis
de notre belle institution, au cas où ils auraient tendance à
se choper la grosse tête.
Ailleurs,
c'est toute une ère de journalisme glorieux que l'ESJ conserve
jalousement en son sein. Témoin, cette collection de
Paris-Match ® à faire frissonner de plaisir Stéphane
Bern lui-même. Et en plus, il y a aussi de vrais journaux. Pour
l'historien comme pour l'enquêteur, c'est l'occasion de redécouvrir
les grands événements qui ont marqué notre siècle,
comme la presse les a alors présentés. Sans parler du plaisir
de fouiller dans un imbroglio de cartons et de classeurs ancestraux.
Mais aussi des
vrais trucs intéressants
Les
caves de l'ESJ sont aussi un refuge pour l'apprenti journaliste en manque
de lyrisme. On conseillera la salle située sous les toilettes, au décor
apocalyptique digne du meilleur Beckett. A propos de cette sépulture vouée
à l'intense recueillement , la déontologie nous pousse tout de même à
préciser que sa fréquentation est limitée aux jours de rhume carabiné,
quand on a le nez bien bouché.
Au
cur de cet écosystème souterrain, la cave secrète
de sieur Sécher ouvrira ses bras à qui saura la débusquer.
Vous y découvrirez les liqueurs irréelles et les grands
millésimes qui permettent au champion du monde de typographie de
conserver jour après jour une pêche hors du commun. Bacchus
lui-même s'en serait délecté. Mais prenez garde à
ne pas être pris par le (typo) maître ; un clavier Macintosh à
la main, c'est aussi le meilleur bretteur que l'ESJ ait connu.
Et
s'il ne doit y avoir qu'une raison pour vous pousser dans les escaliers
qui descendent à la cave, ce serait l'envie de rencontrer des stars,
des vraies. La crème des journalistes s'y retrouve souvent, sous
un nom de code mystérieux qu'eux seuls peuvent comprendre : « la
Basse-Cour ». Armés de ciseaux, de cutters et de bombes
de peinture à faire saliver les rebelles du Bronx, ils vaquent
à leurs occupations de bureau des élèves, pour
la culture et la fête.
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