Témoignage
d'un couloir centenaire Hong Nguyen |
L'université Catholique
125 mètres, marqués par l'Histoire
une salle multimédia
la cafétéria du bureau des étudiants photos : Anne-Sophie Pelé |
Construit vers la fin du XIXe siècle, avec sa façade de style gothique, l'Université catholique est connue comme un patrimoine culturel et architectural de la métropole lilloise. Un parfum de mystère émane de cet édifice imposant. Il existe bel et bien une âme méconnue et cachée dans cette université. Récit d'un couloir dont la vie s'anime sous terre. Cela fait plus d'un siècle que je ne vois pas le jour. Mon pauvre destin, décidé bien avant ma naissance, pèse sur mes 125 mètres de long. Je suis, en plus, coincé de part et d'autre par mes voisins. Petites et grandes, une quarantaine de salles donne sur moi-même. Mais honnêtement, ce sont elles qui rendent ma présence plus significative. Souterrain, je subis pourtant comme tout le monde les vicissitudes de la vie. Les changements du monde qui m'entoure laissent ses traces sur moi, comme l'empreinte de l'Histoire. Un passé austèreL'Université catholique a été construite en 1879 par des catholiques lillois qui voulaient fonder un établissement d'enseignement catholique dans leur ville. J'ai été élevé ainsi dans le respect des lois du Seigneur. Reste encore gravée dans ma mémoire l'image des séminaristes qui se reposaient et prenaient leurs repas dans les salles à côté. Le calme y rappelait la sérénité de l'église. Mais si dans ces salles voûtées au plafond en forme d'ogive, des crucifix subsistent sur les murs, les activités qui s'y déroulent ne sont plus les mêmes. Un présent animéMalgré mes quelque cent mètres d'espace de liberté, je parviens à m'évader virtuellement sur les autoroutes de l'information, les salles multimédia sont toute proches. Elles se sont installées à mes côtés depuis deux ans. A leur droite, la bibliothèque de science économique, les locaux techniques avec des salles de chaufferie, d'électricité... Et à leur gauche, quelques salles de cours, une cafétéria, un espace de jeux et un foyer pour les étudiants. Ma vie est véritablement changée. Toujours sans soleil, mais désormais je vois partout de la lumière. L'animation me rajeunit. Mais il faut dire que je dois souffrir de temps à autre d'insomnie, mes nuits blanches sont rythmées au son de la musique quand les étudiants font la fête. De même, les plaintes des baby-foot malmenés par les garçons me fatiguent souvent. Mais bon, j'essaie de m'accrocher aux évolutions du temps. Et surtout, de ne pas devenir un vieux, décrépit et difficile.
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Lille - mars 2001