Le modèle
et ses petits frères
De futurs Kandinsky ?
Une
plasticienne
et ses elèves
(photos : Vincent
Michelon)
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Dans
les entrailles du musée des Beaux-Arts de Lille se cachent des
ateliers d'initiation artistique. Ils sont ouverts toute l'année
scolaire. Objectif : confronter l'observation des oeuvres du musée
à l'apprentissage du dessin, de la peinture et de la sculpture.
Béton. Un long couloir isolé, gris, mène aux ateliers d'arts plastiques du musée des Beaux-Arts. On y propose une initiation à la peinture, au dessin, à la sculpture et même au graphisme informatique. Des éclats de voix enfantines colorent l'endroit. Des dessins bariolés tapissent les parois de verre. Ici une tentative de portrait, là une série d'animaux merveilleux. Les artistes du mercredi sont passés par-là. A l'ombre des collections officielles, un musée parallèle palpite.
Interactivité
Des
cours de dessin classiques ? Pas vraiment, puisque chaque séance
est précédée d'une visite du musée, ce qui
permet un travail interactif, un jeu constant entre le "cours"
et les oeuvres découvertes dans les salles. « L'originalité
de la démarche, c'est que nous sommes dans un musée. C'est
un gros avantage. Cela nous permet de travailler avec un point de départ
concret, les oeuvres des collections », explique Colette D'Halluin,
plasticienne et animatrice d'atelier. Le travail s'articule ensuite autour
d'un thème (formes, matière, couleur, perspective, etc.)
et de l'observation des tableaux du musée. « Attention,
le but n'est pas de copier mais d'exercer son il. On laisse les
gens libres. C'est leur imagination qui doit les guider »,
insiste Colette D'Halluin.
Lumière
artificielle
A
quelques mètres des ateliers, la salle d'expos temporaires, en
sous-sols dans le jardin est éclairée par une dalle de verre
et baigne dans la clarté. Le Settecento italien et quelques-uns
de ses chefs-d'oeuvre y dévoilent actuellement leurs charmes. Les
ateliers, eux, sont condamnés à vivre sous une luminosité
artificielle, qui s'avère insuffisante. « C'est dommage
de travailler avec une lumière artificielle. On perd quelque chose »,
regrette Nathalie Poisson-Cogez, plasticienne, historienne de l'art, et
animatrice d'atelier elle aussi. L'équipe d'encadrement se compose
d'une dizaine de personnes, toutes vacataires. « On travaille
à la demande. » Sous les tableaux, la précarité
n'est jamais loin.
Une école
du regard
Le
temps, est comme arrêté, figé. Le sous-sol appelle
au silence. Calme. Ici, on est hors de tout. On dessine et rêve
en toute quiétude. La peinture et la sculpture avec simplicité.
Les enfants constituent la majorité du public. Les adultes se font
plus rares mais les étudiants ou les personnes âgées
participent volontiers à des ateliers. « J'ai entendu
parler de cette activité à la fac. C'est la première
fois que je viens, c'est sympa. Et qui sait, ça peut créer
des vocations ! », témoigne Richard, étudiant
en histoire de l'art. Loin des livres poussiéreux, l'apprentissage
de l'art devient plus ludique, plus convivial. Une jeune prof de Lettres,
accompagnant une classe de lycéens : « Sans cet
atelier, la visite les aurait ennuyés. Là, ils ont pu vraiment
s'intéresser et s'ouvrir aux tableaux. » A l'abri des
regards, les ateliers du musée des Beaux-Arts apprennent à
voir.
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