« Quand un groupe évolue,
on dit qu'il monte. Nous, c'est l'inverse. » |
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A Lille, la Malterie
offre aux associations qui le désirent la possibilité de louer
des ateliers, et une salle de concert. Pour 1000 F par mois, elle met
aussi à disposition des salles de répétition. Depuis
quatre ans, Alyce occupe la première cave du couloir. Plongée
dans la musique de ceux qui sont peu à peu devenus des taupes...
et en sont fiers.
Il y a encore quatre ans, ils répétaient dans
un grenier. Depuis 1997 et l'ouverture de l'association "Malterie",
c'est dans une cave que les cinq membres d'Alyce se retrouvent chaque
semaine. « En général, quand un groupe évolue,
on dit qu'il monte », rigole Bruno, le guitariste. « Nous,
c'est l'inverse... »
Leur cave, les membres d'Alyce y tiennent : « C'est
pas notre deuxième maison, mais presque... », remarque
Fred, le batteur, qui est aussi membre du bureau de la Malterie. Il faut
dire qu'ils y ont travaillé.
Electricité, acoustique, même un peu de maçonnerie
pour finir de monter le mur qui les sépare du couloir : en
tout, près d'un an de travaux. Bien plus que les 1000 F de
loyer mensuel, c'est là le véritable prix d'une salle de
répétition à la Malterie. Comme le dit Fred, « on
est privilégié, mais on a bossé pour ».
Un lieu intemporel
La "maison", aujourd'hui, a de l'allure. De la moquette
grise sur les murs, un lourd canapé de cuir noir dans un coin,
et quelques projecteurs font de la cave un lieu à la fois clair
et intime.
Le plafond, assez bas et voûté, assure une bonne
acoustique pour répéter. Et les quelques mètres qui
les séparent du plancher des vaches apportent une fraîcheur...certaine.
« Quand on a trop froid », rigole Hervé,
le chanteur, « on déménage du matériel ».
Alors même si à chaque concert, « c'est
une grosse galère pour sortir le matos », Alyce ne laisserait
sa cave pour rien au monde. « Ici », explique Bruno,
soudain plus sérieux, « on est déconnecté
du réel. C'est un lieu intemporel. » Résultat
pour ces quasi pro : « On s'immerge encore plus dans la
musique ».
Un batteur dans
la nuit...
Et surtout, à la différence des salles de répétitions
privées, le groupe passe ici autant de temps qu'il le veut. Et
comme les locataires des autres caves du couloir jouissent du même
luxe, les nuits sont moins solitaires qu'on pourrait le croire... « Parfois
au milieu de la nuit, tu mixes », raconte Fred. « Et
puis soudain, tu entends un batteur jouer tout seul... »
Depuis deux ans, du grenier à la cave, Alyce monte.
Indéniablement. Bruno et les deux Fred, le batteur et le bassiste
, jouaient déjà ensemble depuis six ans. « Mais
ça fait deux ans que c'est vraiment sérieux »,
précisent-ils. Hervé, le chanteur aux cheveux
rouges, et Antoine, qui noue ses longs cheveux blonds avant de se mettre
au clavier, ont intégré le groupe plus récemment.
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Torhout Werchter
Résultat : en avril 2000, ils ont sorti So quiet,
un album auto-produit de neuf morceaux. Du rock indé où
les lignes de basse le disputent aux riffs de guitare saturée.
Et si l'on croit parfois retrouver quelques sonorités
du premier Radiohead, ou un peu du noir des Smashing Pumpkins, on est
vite dérouté par la rythmique très aboutie d'Alyce,
ou par les lignes de chant que composent Fred et Hervé.
Leur rêve le plus fou ? Torhout Werchter. A l'unanimité.
Mais ils savent bien qu'avant la scène de ce festival belge qui
rassemble chaque année 80 000 personnes, le chemin est encore long.
Qu'importe : "intemporelle", leur cave les préserve
du temps qui passe.

Leur site Web : http://www.alyce.net/
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