Il passe ses journées à 10 mètres
de profondeur Grégoire Pourtier |
(photos Sara Roumette)
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Il existe une petite vie dans les grands parkings. A Euralille, s'occupant des 3500 places ouvertes 24h/24h, on croise des agents d'accueil, des gardiens, des employés de maintenance. Ou encore Karl qui, toute la journée, lave les voitures "à l'ancienne" pendant que l'on va travailler ou faire ses courses. L'hiver, il voit à peine la lumière du jour. Il arrive au parking à 10 heures, et n'en ressort qu'à 18. Entre temps, Karl a nettoyé une demie douzaine de voiture "à la main". L'entreprise qui l'emploie, Autobella, loue six places dans le gigantesque parking d'Euralille, et propose donc aux clients de se faire laver leur voiture dans les règles de l'art. Après avoir pas mal galéré, travail en intérim et chômage, il a sauté sur l'occasion quand une place s'est libérée. « Passer mes journées en sous-sol ? J'y ai même pas pensé... L'important, c'était d'avoir du boulot. » Un métier qu'il exerce depuis deux ans et dont il ne se lasse pas. Lavage à la carteLes milliers de kilomètres carrés de lumière blafarde et de courant d'air ne sont pourtant pas des plus réjouissants. La volonté des dirigeants du groupe Vinci est d'humaniser l'espace. Des dizaines de caméras balaient le moindre recoin, garantissant la sécurité des clients. Et créant une ambiance paranoïaque. « Moi, j'ai pas trop de problème parce que mon entreprise est indépendante. Mais le boss du parking ne se prive pas de venir me dire quand un véhicule dont je m'occupe dépasse un peu de son périmètre. Et puis, j'ai même pas le droit à une place pour ma voiture personnelle. » |
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« L'hiver il fait froid. Mais le pire, finalement, c'est l'été. Il fait une chaleur là-dedans... » |
Pour un forfait de 200 francs en moyenne, on peut déposer sa voiture et la retrouver rutilante deux heures plus tard, intérieur compris si nécessaire. Une activité qui s'inscrit très bien dans le cadre d'un immense parking. « On a une gamme de services très large, explique Karl. Les clients aiment bichonner leur voiture. » Certains viennent même deux fois par semaine. La force des habitudesSeul sur ce site - le concept existe dans d'autres parkings de la ville - il enchaîne quatre jours par semaine. Par tous les temps. « L'hiver, il fait froid. Mais le pire, finalement, c'est l'été. Il fait une chaleur là-dedans... » Et plus que la lumière, c'est le bruit permanent des moteurs qui le fatigue. Avec un salaire au niveau du Smic et des pourboires qui ne dépassent pas les 150 francs par semaine, Karl ne compte pas s'éterniser dans ce sous-sol. Mais ce n'est pas du tout pour un besoin irrépressible de remonter à la surface. « C'est pas l'enfer ici, on s'habitue bien. Le seul truc, c'est que je vais pas laver des voitures toute ma vie. » Lire également : "Mélodies en sous-sol" |
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Lille - mars 2001