La bourle est une tronche ( partie découpée dans un tronc ) de bois cylindrique dont la matière, le poids, le diamètre et la largeur bombée répondent à des normes différentes suivant les régions où le jeu est pratiqué. Son poids peut varier de un kilo et demi à huit kilos, les bois utilisés étant le noyer, le gaïac, le québracho ou encore l'orme selon les régions. Plus récemment, la fabrication de bourles s'est faite en résine de synthèse pour en préserver la longévité. Mais toutes on entre-elles un point commun, un côté faible et un côté fort ( on dit chargé ) permettant à la bourle, une fois lancée, d'avoir une trajectoire dite modifiée.
L'origine de la bourle se perd dans la nuit des temps. Le plus ancien document retrouvé à nos jours et relatant la pratique de ce jeu est un extrait des bans échevinaux de Lille daté du 4 août 1382 interdisant la pratique du jeu sur la voie publique sous peine d'une amende de soixante sols ou la castagne de verge. Le terme bourle est d'ailleurs très ancien lui aussi et le patois picard comporte cette expression qui signifie tituber et tomber. ( Quelle érudition, j'en suis tellement surpris " que j'vas bourler de m'cayelle ! " )
L'on y joue dans une bourloire, piste de jeu le plus souvent à l'arrière d'un café. Jadis en plein air, les bourloires sont pratiquement toutes couvertes actuellement. Pistes de plus ou moins vingt mètres de long sur une largeur d'environ trois mètres (GJ Lustremant parle de vingt trois mètres de long sur trois mètres cinquante en largeur), les bourloires sont incurvées sur leur largeur pour faire louvoyer les bourles. Le revêtement de la piste était fait de terre avec ajout d'argile, de bouse de vache, de sable, de sel, de bière ! De nos jours ce revêtement est souvent synthétique. La bourloire est terminée à ses extrémités par un tchu, ou fossé, recueillant les bourles mises hors jeu. A environ un mètre cinquante de chaque extrémité de la piste se trouve l'étaque, pièce métallique de quelques centimètres de diamètre enfoncée au ras du sol et faisant office de cochonnet fixe. Le nombre de joueurs par équipe varie de deux à dix personnes selon les rencontres, chaque équipe regroupe un commandant qui va diriger la stratégie, des pointeux, les pointeurs et des butcheux ou encore tapeux (les frappeurs). La technique pour l'équipe plaçant le jeu après tirage au sort est d'approcher l'étaque au plus près, c'est le rôle des pointeux qui vont également faire rouler délicatement puis placer leurs bourles afin de constituer des heillis ou obstacles pour gêner leurs adversaires. Ceux ci vont à leur tour essayer de s'approcher au plus près de l'étaque et de faire jo ! (marquer le point) en faisant louvoyer leurs bourles grâce aux rives inclinées de la piste et du fort de leur bourle pour contourner les heillis. Si ces derniers sont difficiles à contourner, les butcheux tenteront de les faire sauter. Un point sera attribué à chacune des bourles de la même équipe se trouvant le plus près de l'étaque.
En 1888, le jeu de bourles était suffisamment implanté dans la commune pour y créer un concours. En 1914 on trouvait des bourloires au café de l'Union, 86 rue Carnot face à l'église du Sacré Cœur et dans bien d'autres cours de bistrots, notamment à Thumesnil. En 1949, les bourloires se trouvaient encore chez Delcourt et chez Veuve Defretin, 6 rue Henri Barbusse, chez Derache rue Roger Salengro, à la Géole, 162 rue Carnot et chez Marchand, rue de la Jappe.
Si la bourle a déserté nos rues, on trouve actuellement des sociétés à Wattrelos, Tourcoing, Leers, Villeneuve d'Ascq, Lys lez Lannoy, Toufflers, Roubaix, Mouvaux, Neuville en Ferrain, Halluin, Roncq et bien sûr dans nos Flandres à Godewaersvelde, Hazebrouck, Bailleul et Steenvoorde. Les coordonnées de ces sociétés sont disponibles à l'association, si le cœur vous en dit …
Didier Lherbier. Source : "Histoire de Faches-Thumesnil" – GJ Lustremant 1996. Merci à la Fédération des Sociétés de Bourles du Nord – 27 rue de Strasbourg – 59200 Tourcoing.