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Et pourquoi un nom pareil ? Parce que ce poste de commandement a eu un rôle important au moment du débarquement de Juin 1944. En effet il fut une des cibles privilégiées de l’intoxication alliée visant à faire croire à un débarquement dans le Pas de Calais : opération Fortitude volet Quicksilver. De ce fait, la 15e Armée se mit plusieurs fois en état d’alerte durant l’année 1944. Un centre d’écoute dépendant de l’Abwehr (service de renseignement de la Wehrmacht) était présent dans le périmètre du quartier général à Tourcoing. Et ce centre scrutait les ondes à la recherche d’informations utilisables au niveau du poste de commandement. Tout concordait pour dire que le débarquement aurait lieu dans la zone de la 15e Armée … Les travaux allaient donc bon train pour renforcer le Mur de l’Atlantique dans ce secteur.
Pour tous les spectateurs ayant vu le film « le Jour le plus long », les premières images nous montrent un Etat major allemand très fébrile la nuit du 5 juin 1944 à l’écoute des messages de la BBC « Les Français parlent aux Français ». Cet Etat major, c’était celui de la 15e Armée à Tourcoing. En effet, le message suivant venait de sortir sur les ondes : « Blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Voici donc la petite histoire de ce message et sa portée pour les Allemands à Tourcoing.
En 1943, Staline voulait une intervention des alliés de l’ouest sur le continent Européen et principalement en France pour le décharger de la pression allemande. Les Alliés anglais et américains étaient alors dans l’impossibilité de débarquer. Pour montrer leur bonne foi à Staline ils proposèrent de lancer une grande offensive de sabotage à l’ouest pour faire croire à une opération de débarquement et immobiliser des troupes allemandes loin du front Russe. Les groupes de résistance furent informés de l’envoi sur la BBC de messages d’alertes et d’actions qui préviendraient du débarquement. Le réseau Prosper, fort de plus de 1000 hommes en France, fut particulièrement choisi pour « faire du bruit » (le réseau n’était pas très sûr car la sécurité n’y était pas absolue et les alliés étaient prêts à le sacrifier s’il le fallait). Le message d’alertes ou d’actions de la branche Butler de Prosper était « Les sanglots longs des violons de l’automne / Blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Durant 1943 un grand nombre de messages d’alertes furent envoyés mais jamais les messages d’actions. Cette même année, le réseau Prosper tombe comme un jeu de cartes. Manque de sécurité, infiltration, trahison,… les Allemands obtiennent des informations. En détruisant le réseau Butler, ils obtiennent l’information que la première partie du message serait envoyée le 1er ou le 15 d’un mois et que la deuxième partie signifierait le début des opérations à minuit le jour de la réception. L’Abwehr, dont l’Amiral Canaris était le chef, informa donc tous les états majors allemands et à Tourcoing l’Oberstleutnant Meyer, responsable de l’Abwehr et du service de renseignement de la 15e Armée.
Photographie des opérateurs sur téléscripteurs dans une des pièces du bunker de commandement pour un article de « Wacht am Kanal » du 5 avril 1944. Horst Wentzel, un vétéran allemand qui nous a rendu visite à plusieurs reprises et qui était présent au moment critique du 5 juin 1944 est à droite
(collection musée - Horst Wentzel)
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