Un ouvrier peintre, M. Emile Bataille, âgé de trente-huit ans, rentrait chez lui, dans la nuit de mardi à mercredi, vers une heure du matin, revenant du Moulin de Lesquin où il était allé à la recherche d’ouvrage lorsqu’à cent mètres environ de son domicile, à l’intersection des chemins de Wattignies et de Vendeville , il fut assailli par un individu qui déchargea sur lui deux coups de révolver, sans l’atteindre.
Bataille s’élança sur son agresseur et le saisit au collet, mais l’inconnu parvint à lui tirer une troisième balle, cette fois à bout portant.
La balle pénétra dans le côté gauche, entre la quatrième et la cinquième côte et le malheureux ouvrier s’affaissa sur le sol, lâchant son meurtrier qui prit aussitôt la fuite.
Le blessé ne tarda cependant pas à reprendre connaissance et ce fut à grande peine qu’li parvint à se traîner jusqu’à une auberge voisine, où il défaillit à nouveau.
On le transporta chez lui où il reçut les soins du docteur Messéant.
Revenu à lui, Bataille raconta la lâche agression dont il avait été l’objet. Le garde-champêtre de Faches ouvrit immédiatement une enquête.
A l’endroit où M. Bataille avait été attaqué, près du mur du cimetière, on ramassa une canne en jonc avec pommeau en métal blanc argenté et un bouton de gilet, qui furent gardés comme pièces à conviction. Dans la matinée de mercredi, les gendarmes Dupire et Poulet de Lille apprirent qu’un sieur Liagre avait dit dans un cabaret que son fils Jules – avec lequel il était fort mal – aurait peut être pu "faire le coup" en croyant tirer sur lui. Cette déclaration fut rapportée au blessé, qui confirma les soupçons en déclarant que son agresseur lui avait paru ressembler au jeune Jules Liagre.
Le fils Liagre fut mis en état d’arrestation et amené à Lille, à la disposition du parquet. C’est un jeune homme de seize ans, travaillant à Lille, comme apprenti serrurier.
Le prisonnier, interrogé, protesta de son innocence et affirma s’être couché, le jour de l’attentat, à dix heures du soir.
Nord – Lille, 15 avril – Depuis plusieurs mois, le bruit courait à Thumesnil que le docteur M …, qui à son cabinet médical avait adjoint une officine de produits pharmaceutiques, donnait des signes d’aliénation mentale.
Aussi quelques clients seulement étaient-ils restés fidèles au médecin. Parmi ces derniers était M. X… qui, il y a une dizaine de jours se trouvant indisposé, envoya sa femme demander au docteur un médicament inoffensif. Mme X…, ayant conçu des doutes sur la nature de la potion délivrée, la fit analyser par un pharmacien. Celui-ci découvrit qu’on lui avait délivré un poison violent.
Une plainte ayant été déposée au parquet, le docteur M… vient d’être arrêté et placé en observation à l’hôpital Saint-Sauveur.