Savez-vous ce que contient l'eau qui
circule sous les rues et coule de votre robinet ? Pas uniquement des molécules
d'hydrogène et d'oxygène en tout cas. Sa composition est en effet bien plus
"élaborée". Et nombreux sont ceux qui gardent un il sur elle :
histoire que le cocktail ne vire pas au tord-boyaux. Si vous
remplissez une bouteille d'un litre d'eau à votre robinet, voilà ce que vous risquez d'y
trouver : quelques bactéries, voire un ou deux streptocoques, mais aussi quelques
dizaines de milligrammes de nitrates, de chlore ainsi qu'un peu de soufre et de fluor. Pas
de panique cependant : les eaux de distribution n'ont rien d'un poison. Et le fait
qu'on y retrouve tous ces composants n'a en soi rien d'anormal.
Le paradis des bactéries
En
effet, il faut savoir qu'un réseau souterrain de distribution constitue un véritable
labyrinthe de canalisations où l'eau est quasiment stagnante. Autant dire que cela peut
vite devenir le paradis des bactéries. Certes, beaucoup d'entre elles restent, à une
concentration limitée, inoffensives pour l'homme.
Mais
accidentellement, en cas de fausse manoeuvre lors d'opérations d'entretien par exemple,
un peu de matière organique peut s'introduire dans le réseau. Grâce à elle les
bactéries prolifèrent. L'eau devient dès lors vecteur de propagation. Mais ce sont
aussi des virus ou des parasites qui peuvent transiter par son intermédiaire. Elle peut
ainsi transmettre toute une série de pathologies, telles que la gastro-entérite, la
légionellose ou les hépatites A et E.
L'eau naturelle :
une ressource complètement pure ?
Et
puis, n'oublions pas que même à l'état pur, l'eau transporte une foule de composants
minéraux ou chimiques. C'est le cas par exemple des nitrates. Mais sur ce point, il faut
aussi rappeler qu'à l'état de ressource, l'eau peut être polluée par un usage excessif
d'engrais par l'homme.
A
Lille cependant, ni les nitrates, ni aucun des autres éléments contenus dans l'eau n'a
dépassé les seuils autorisés. Et la présence d'un élément comme le fluor n'est pas
forcément négative : demandez donc à votre dentiste...
Une ressource sous haute
surveillance
Néanmoins pour prévenir les contaminations
(heureusement rarissimes) du réseau, de nombreux contrôles sanitaires ont été
institués. Le vieil adage, « il vaut mieux prévenir que guérir », prend ici tout
son sens. L'entrée d'un agent pathogène dans les canalisations obligerait à une purge
totale de celles-ci. Opération lourde à réaliser et à supporter pour la population.
C'est
d'abord la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) qui
assure le suivi réglementaire d'un décret de 1989 fixant des maxima pour les différents
éléments que l'on retrouve dans l'eau. Elle procède à des prélèvements de l'eau du
robinet (on compte en général un point de prélèvement dans chaque quartier). Si la
concentration de nitrates dépasse le seuil de 50 mg/l (à Lille la proportion moyenne est
d'environ 30 mg/l), de nouvelles analyses sont faites, pour déboucher éventuellement sur
une procédure d'alerte.
A
Lille, elle est relayée, dans les contrôles sur les canalisations du réseau de
distribution par le Service communal d'hygiène et de santé. Sur ce réseau, on dénombre
environ 190 contrôles chaque année. En 1999 (dernière année dont les résultats sont
disponibles), toutes les analyses se sont révélées satisfaisantes.
En parallèle, la Société des eaux du Nord,
concessionnaire du réseau de distribution à Lille, effectue des contrôles
d'auto-surveillance (plus de 200 chaque année). Preuve à la fois de son exigence
professionnelle et de sa volonté d'entretenir une image de transparence.
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chasseurs de fuite" |