Nous l'avons vu, la colonie de vacances d'Echinghen exista de 1934 à 1939 au Manoir de Menneville. Pendant la guerre le manoir et la colonie furent occupés par les Anglais en 1939 et 1940 puis par les Allemands qui d'ailleurs construisirent un blockhaus servant de centre de soins sur la piscine.
En 1945 les murs étaient debout mais l'ensemble du mobilier avait disparu suite au pillage. L'abbé organisa des voyages de septembre 1946 à juillet 1947 pour remettre tout en état avec Marcel Fremaux : départ chaque semaine de Faches-Thumesnil le lundi matin et retour le mercredi vers 22h. Les moyens de transport : une mobylette (immatriculée 7795 MB7) puis le Dodge, surplus de l'armée américaine récupéré sur le terrain d'aviation de Prouvy, près de Denain, où les véhicules de toutes sortes étaient empilés sur quatre étages.
Et c'est avec ce Dodge que tout le mobilier et le matériel furent transportés à Echinghen : les lits furent fournis par Arthur Vanclemputt route d'Arras, les matelas par la Manufacture de Crins Despatures rue Carnot, les casseroles, marmites, etc en aluminium furent fondues par Léon Vlamynck dans son petit atelier du 18 rue Edouard Vaillant, la vaisselle par André Lericq avenue du général Leclerc. Début juillet 1947 l'entreprise Tonetti de Wimereux faisait sauter le blockhaus et la piscine retrouva son usage grâce au petit ru qui prenait sa source au Mont Erquelinnes.
Avant le départ d'Echinghen l'abbé réservait à la Taverne Flamande à Cassel. Et de Cassel à Faches les deux passagers récitaient le chapelet.
Et le 15 juillet 1947 le manoir retrouvait les colons de Faches, quarante, et ceux de St Martin de Roubaix. Le 8 août arrivaient les filles de Faches encadrées par Jeanne Deroubaix et Flora Lemaire. Le soir, autour du feu de camp et dans le parc illuminé par des feux de Bengale, l'abbé, de sa voix de basse, chantait, parfois en s'éloignant dans le bois tout proche : "J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois". Les colonies durèrent jusqu'en 1953 et s'arrêtèrent avec le départ de l'abbé.
Les moniteurs au Manoir de Menneville à Echinghem en 1950
Debout de gauche à droite :
Jean Vanceunebroeck, Eugène Vanceunebroeck, Jean-Marie Poupard, Jacques Guyon, Jean-Marie Pilon.
Accroupis, de gauche à droite :
Jean Mercier, Fernand Delecourt, Alain Bruneau (mort pour la France en Algérie le 9/11/1958)
(Archives du Diocèse de Lille)
Lorsque vers la fin de sa vie, il revint vivre avec l'une de ses sœurs à Mouvaux, l'abbé fit don du manoir aux Chiffonniers d'Emmaüs. Cette communauté, œuvre de l'abbé Pierre, continue à collecter les fonds de greniers et permet à plusieurs dizaines de personnes de vivre par leur travail.