Lille : 1914-1918. Dans les serres Allemandes
Avant d’attaquer le vif du sujet, c’est à dire l’explosion du bastion des 18 Ponts de Janvier 1916, il est judicieux
d’expliquer simplement et par l’image ce que Lille a subi entre 1914 et 1916.
Tout ce qui suit a été initié par les prêts de textes divers, livres, négatifs ou cartes postales de nos amis de
Faches-Thumesnil. Soyez-en remerciés. Nous retrouverons leurs noms au fur et à mesure du texte.
Un livre remarquable prêté par F. De Clercq m’a apporté toute la
chronologie des événements d’août, septembre et octobre 1914,
avant que le déluge allemand ne s’abatte sur Lille. L’auteur, Francis
Deruyk, grand reporter à la Voix du Nord (principalement dans les
rubriques sportives) nous dépeint minutieusement comment vivait
Lille avant cette invasion meurtrière et sans pitié. Ensuite il précise
tous les faits importants de cette période. En voici un résumé. Cet
ouvrage d’une extraordinaire qualité a pour titre « Lille : 1914-1918.
Dans les serres Allemandes »
- Déjà Lille avait été, à la fin du 19ème Siècle et au début du
20ème, enclin à ne plus être cette ville remarquablement
fortifiée. De grandes discussions d’Etat Major avaient eu lieu
pour savoir s’il y avait lieu de démanteler ou non ce rempart
remarquable construit par Vauban ou après.
- En Août 1914 tout les pierres étaient encore là, et après
l’invasion rapide de la Belgique par les troupes allemandes,
une autre question, cruciale cette fois, se posait. Lille devaitelle être « Ville ouverte » ?
- Fin Août, lorsque les premières troupes allemandes se
présentèrent devant notre cité industrielle, celle-ci était
« OUVERTE » et les troupes Françaises évacuées.
- Le 31 Août 1914, le Lieutenant Von Oppel, hussard de la mort, accompagné d’une faible escorte, arrivant
de Lens, entre en ville et s’entretient avec le Maire. Il annonce qu’une troupe importante sera
cantonnée à Lille.
- C’est en fait les 3 et 4 septembre que le 55ème Régiment de la Landwer prussienne s’installe dans notre
ville réclamant une contribution de Guerre. Celle-ci, 252.312,50 Frs, sera versée au commandant de ce
régiment, le colonel Coppel.
- Le 5 septembre, ce régiment s’en va laissant la ville vide de toutes troupes …
- 1 septembre, une quinzaine de uhlans entrent en ville pour demander leur chemin.
A partir d’octobre, il s’agit là de ce que l’on appelle : « LA COURSE A LA MER ». L’invasion allemande ayant buté
sur la Marne en direction de Paris, ils changent leur fusil d’épaule (au sens figuré) et décident d’envoyer leurs
troupes vers Dunkerque, Calais et Boulogne. Lille devient donc de ce fait une place importante à posséder.
- 3 octobre : un parlementaire Allemand se présente à la Mairie de Lille. Il lui est répondu « que la ville est
ouverte à tous, Français et Allemands ». Le même soir c’est un capitaine de uhlans qui apporte une
missive du Général van Hollen pour le gouverneur de la ville. Le préfet Trépont refuse cette lettre sans
explications … car en fait il n’y a pas de gouverneur à Lille.
- Les 4 et 5, les troupes Allemandes arrivent par Ascq et envoient un train légèrement blindé vers la
grande cité. Celui-ci est envoyé sur une voie de garage au niveau de Fives. En effet le receveur de ce
village, Monsieur Gaudry, tenait la Préfecture au courant des faits et gestes de la troupe Allemande par
une ligne téléphonique bricolée malgré la destruction complète de tout le matériel de son poste.
- Grande colère du Général van Hollen qui commence à ne plus comprendre la situation, puisque Lille
avait été déclarée « Ville Ouverte » à son émissaire le 3. D’où, les premiers bombardements de Lille et
des environs proches.
- Un autre détachement qui arrivait de Douai, celui du Colonel Schulenburg, se heurte à une forte
résistance au niveau de Lesquin. Il réussira malgré cela à investir Ronchin. Mais il en sera délogé par des
troupes de territoriaux dans les jours suivants.
Petite anecdote rapportée par un document du cheminot F. De Clercq de Faches-Thumesnil :
« Lille (Nord) – La locomotive historique du 4 octobre 1914 »
« On devait lancer cette locomotive sur un train blindé boche ; mais par suite d’une erreur elle a été mise en marche l’avant tourné vers Lille.
Aussitôt l’erreur connue, on la dirigea sur une voie de garage où elle vint écraser une baraque en bois. [note]»
Les Anglais n’ayant pas encore déclenché leur offensive, Foch comprit très vite que si notre forteresse tombait,
ce serait toutes les troupes Françaises qui seraient en danger. Il envoie donc le commandant de Pardieu vers
Lille sous la protection du 20ème Régiment de Chasseurs à cheval. Celui-ci devant ensuite retourner à son lieu
d’affectation. Mais hélas ce retour fut compromis, accompagné de lourdes pertes, et de ce fait, ils rentrèrent
chez nous. [note]
« 2795 défenseurs contre une cinquantaine de milliers d’Allemands » tel est le titre d’un paragraphe de ce livre
qui décompose les forces Françaises dans notre cité assiégée.
- 2000 hommes des 5ème, 7ème et 8ème Régiments territoriaux,
- 25 douaniers cyclistes,
- 200 goumiers,
- un escadron du 46ème chasseur à cheval de réserve soit 120 hommes,
- 300 rescapés du 20ème chasseur à cheval,
- et 150 hommes environ du 41ème régiment d’artillerie de réserve,
tout cela sans presque de munitions et seulement 3 canons de 75 qui furent emmenés d’une porte à l’autre pour donner l’illusion …