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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Le Quartier-Maitre de 1ère classe DANIEL LEPRÊTRE
et les commémorations du 8 MAI.

En septembre 2015, le bulletin n°95 de l’association paraissait avec un article de quinze pages sur le drame de la disparition du sous-marin La Minerve. A son bord, le Faches-Thumesnilois Daniel Leprêtre âgé de 22 ans. Cet article avait pu être réalisé grâce à Mme Sandrine Frère-Leprêtre et M. Didier Leprêtre, respectivement nièce et frère du disparu qui m’avaient contacté quelques mois plus tôt.

Le 30 août 2017, le major honoraire Jacques Garret, président de l’Union des Amicales de Marins et Marins Anciens Combattants du Nord et du Pas-de-Calais contactait la mairie de Faches-Thumesnil afin d’être mis, si possible, en relation avec des membres de la famille de Daniel Leprêtre et en vue d’une commémoration pour le cinquantième anniversaire de la disparition du sous-marin et de son équipage à Saint Amand les Eaux où était né le matelot Patrick Messiaen.

Le 27 janvier 2018, cinquante ans plus tard jour pour jour, l’hommage a été rendu à Patrick Messiaen et Daniel Leprêtre à Saint Amand. C’est en présence de nombreux représentants du monde militaire et de vingt-quatre porte-drapeaux, qu’Alain Bocquet et Nicolas Lebas, maires respectifs de Saint Amand et de Faches-Thumesnil, ont retracé la vie trop courte de Patrick Messiaen et Daniel Leprêtre, en y associant Francis Leblois, Michel Dannay, Jules Descamps et Raymond Dumont originaires de Guesnain, Waziers, Longuenesse et Lille, disparus également avec la Minerve et dont les familles n’ont pu être retrouvées. La journée avait commencé par une messe à l’église Sainte-Thérèse, suivie du dépôt des gerbes au Jardin de la Mémoire, du vernissage d’une exposition sur l’évolution des sous-marins.

Nicolas Lebas était accompagné de Cosma Fraccola, adjoint aux Affaires Patriotiques. L’association culturelle et historique était représentée par moi-même et mon épouse, Jeannine Houdart présidente ainsi que Pierre Werquin. La famille de Daniel Leprêtre était bien entendu présente.

Si elle a pu raviver quelques souvenirs douloureux, la journée du 27 janvier 2018 aura sans doute permis de donner corps et grandeur, et plus encore, à ceux qui n’étaient, pour beaucoup, qu’images surannées. On évoque souvent la double mort de nos héros familiers : la mort physique en un jour funeste qui, quand plus personne ne se souvient d’eux, la mort du souvenir. Ce samedi 27 janvier 2018 l’équipage du sous-marin Minerve n’est pas sorti de l’oubli car nul ne l’avait oublié, il a repris vie et, dans une certaine mesure, chacun à bord a été véritablement reconnu, parfois découvert et même nouvellement aimé par ceux qu’il n’aura jamais vus.

N’oublions pas, qu’alors que la cérémonie de Saint Amand se déroulait, des manifestations identiques avaient lieu à Toulon, Brest, Equemauville, Nouméa, Sainte Foy les Lyon, Strasbourg, Cayeux sur Mer et Bayeux. C’est à Saint Amand que notre maire invita la famille Leprêtre aux commémorations du 8 mai et la réponse fut immédiate et positive !

C’est ainsi que ce 8 mai fut inaugurée au monument aux morts de Faches-Thumesnil la plaque à la mémoire du quartier-maître de 1ère classe Daniel Leprêtre. Etaient près du monument Didier Leprêtre, jeune frère de Daniel, et son épouse Marie-France, sa fille Sandrine Frère-Leprêtre et son mari Damien.

Dans la foule nombreuse on notait la présence de Mme Annie Leys, conseillère départementale, de M. Jean-Louis Laporte, représentant Monsieur le Délégué Militaire départemental, de M. Jacques Garet, président de l’Union des Amicales de Marins et Marins Anciens Combattants du Nord et du Pas-de-Calais, de M Bernard Serpollier, président de la section de Lille de la Fédération Nationale des Officiers Mariniers des Hauts de France, de M. Michel Streck, président de l’Amicale des Anciens Combattants d’Indochine et de Corée. Par ailleurs, MM Marc Desmet, président, et Daniel De Meester, vice-président de l’Amicale des Anciens Marins de la Force Navale Belge avaient fait le déplacement. Dans la foule se trouvaient aussi une partie du Conseil municipal, d’anciens marins et anciens combattants et quelques habitants qui avaient connu la famille Leprêtre avant la tragédie lorsqu’elle habitait au 37 de la rue Edgar Degas.

Lors de cette cérémonie et après les discours de MM Lebas et Fraccola, Mme Sandrine Frère-Leprêtre prit la parole à son tour pour remercier tous les acteurs de cette journée chargée d’émotions. Le maire lui remit alors la Médaille d’Honneur de la ville à titre posthume et la médaille du centenaire de l’Union Nationale des Combattants. La famille Leprêtre fut l’invitée d’honneur du repas qui se tînt à la salle Jacques Brel.

« Cette journée qui a une valeur inestimable pour nous … » déclarera Didier Leprêtre.

Pour terminer et revenir sur le déclassement « Confidentiel Défense » attendu depuis 1968 par les familles, le 20 février dernier, le frère de l’une des victimes et magistrat saisissait au nom des familles de la Minerve le Président de la République et la ministre des Armées d’une requête collective en déclassification et en communication publique des documents relatifs aux circonstances de la tragédie.

Le 21 mars une lettre de l’Etat-major de la Présidence de la République apportait la réponse tant attendue : les archives conservées à la fois à Toulon et au Service Historique de la Défense à Vincennes étaient déclassées et communicables. Dans ce cadre et en application des dispositions du Code du Patrimoine, ces archives seront communiquées dès cette année et en 2020, soit cinquante ans après la date du document le plus récent du dossier. Mais beaucoup pensent que ces archives n’apporteront pas grand-chose de plus.

Et si les recherches reprenaient ? L’absence de localisation de l’épave reste une plaie ouverte au cœur de nombreuses familles. Les avis sont néanmoins partagés sur une reprise des recherches. Mais pour la majorité de ceux qui se sont prononcés, leur reprise doit être envisagée. La découverte de l’épave apaiserait les familles et mettrait sans doute fin à de nombreuses rumeurs et doutes au sujet de la transparence des autorités sur ce dossier. On sait, aujourd’hui, avec le recul, qu’elles ne se sont pas concentrées dans la zone la plus probable du naufrage. Les fonds y étaient profonds, tourmentés et les moyens de l’époque inadaptés.

Notons qu’en 1999 les Israéliens conduisirent avec succès les recherches de leur sous-marin « Dakar » disparu le 24 janvier 1968, trois jours avant la Minerve, ils localisèrent l’épave trente et un ans après sa disparition, mais jamais Israël n’avait renoncé à la retrouver. Le sonar utilisé pourrait être un type basse fréquence (30Khz) qui, au lieu d’avoir une largeur de bande de 1500 m en a une de 6000 m avec une bonne définition. Ce type de sonar est largement suffisant pour localiser une épave de sous-marin. De plus cet appareil serait du type bi-fréquence, c’est-à-dire que si une épave est retrouvée, une seconde passe en portant la fréquence à 120 Khz donnerait alors une excellente définition, ce qui peut permettre de mieux cerner l’ensemble du champ de débris avant une investigation plus poussée. L’Ifremer, Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, pourrait mettre à la disposition des chercheurs son Système Acoustique Remorqué (le SAR) pouvant intervenir jusqu’à six mille mètres de profondeur, l’avantage est qu’il n’est pas loin et qu’il a donc un faible coût de mobilisation. En ce qui concerne la délicate et sinistre question des restes des marins, un plongeur témoigne : « … concernant les restes d’ossements, je ne dis pas que c’est impossible d’en trouver, mais pour avoir plongé et découvert avec la Marine, de nombreuses épaves inconnues, du galion romain du Vème siècle avant J.C jusqu’aux épaves du débarquement de Normandie entre les années 69 à 76, nous n’avons jamais trouvé de restes humains. Des amphores, des hublots, des jumelles, des sextants, de la vaisselle et autres souvenirs, oui. »

Didier LHERBIER

SOURCES :

  • « L’Observateur du Valenciennois » des 19 janvier et 2 février 2018.
  • « La Voix du Nord » édition de Valenciennes du 15 janvier 2018.
  • « La Voix du Nord » édition Villeneuve-Pévèle-Mélantois du 11 mai 2018.
  • « LVA Hebdo, la vie amandinoise » des 11 janvier et 1er février 2018.
  • « Plongée » hors-série édité par l’Association Générale des Amicales de sous-mariniers – février 2018.
  • Correspondances entre l’auteur et les différents intervenants cités dans cet article.
  • Site internet : https://hervefauve.wixsite.com/270168minerve