
Pour compléter et résumer ce sujet, voici un article écrit par notre adhérent Vincent Loisel et publié le 17/08/2017
Vendeville : Il y a cent ans, nos villages recevaient de l’aide alimentaire
Par La Voix du Nord | Publié le 17/08/2017
Les villages du Mélantois, sont occupés par l’armée allemande en octobre 1914. Le front s’est stabilisé à 15 km. Seclin est le siège d’une kommandantur d’étape, et chaque village abrite une kommandantur locale. À Vendeville, elle est dirigée par un capitaine ou un lieutenant. Les habitants doivent héberger des soldats au repos. Toutes les productions, même familiales, sont réquisitionnées par l’occupant pour nourrir la troupe. Les villages, comme les villes connaissent une situation de famine.
Dès 1915, des pays neutres organisent une distribution d’aide alimentaire en Belgique et dans notre région dans le cadre du CRB (Comitee for Relief of Belgium). Le Comité National de secours et d’alimentation en est une branche très importante. Le maire, Louis Buisine, assisté du garde champêtre, dirige la distribution. Quatre dames les assistent. Les boîtes de lait sont en évidence.
La scie et le couteau de boucher indiquent la présence de viande, probablement du lard ou du bœuf séché. L’allure avenante des membres du comité ne doit pas occulter la réalité. Ils ne peuvent distribuer que 1 100 à 1 300 calories par habitant, soit la moitié des besoins quotidiens.
Cette pénurie provoque un climat tendu. Les responsables de la préfecture reçoivent de nombreuses lettres de réclamation, bien souvent très virulentes. Elles provoquent des visites de contrôle des délégués français du CANF (Comité d’alimentation du Nord de la France) qui sont parfois suivies de sanctions. Parfois l’affaire va plus loin et l’occupant s’en mêle. À Vendeville, Louis Buisine fait l’objet d’une dénonciation calomnieuse. Son domicile est perquisitionné par la gendarmerie allemande en décembre 1916.
Cette pénurie engendre un climat très tendu. Les responsables de la préfecture reçoivent de nombreuses réclamations.
Le règlement du district de Lille précise que la revente de produits distribués par le CANF est interdite. Toute personne convaincue de reventes, toutes celles auxquelles elles auront revendu, verra à la première infraction, leurs cartes de denrées autres que le pain, supprimées pour un mois. En cas de récidive, cette suppression deviendra définitive. En juin 1918, quatre jeunes de Faches-Thumesnil, de 12 à 15 ans, sont surpris à Seclin. Ils ont échangé chacun une ration de cacao contre un pain.
Le comité de district ne veut pas pousser la rigueur jusqu’à traduire les parents coupables devant le tribunal correctionnel. Il prie le comité de Faches de prononcer contre les familles des enfants la privation de café et de sucre pendant quinze jours en affichant la punition durant la même période à la porte du local de distribution.
Le lait concentré, un luxe
Le lait concentré en provenance du Danemark est une denrée très convoitée. Le comité de Templemars signale que de nombreux habitants se font délivrer des certificats médicaux de complaisance pour en obtenir. Un habitant de Lesquin en réclame pour soigner sa sciatique. Les comités locaux estiment que les personnes qui reçoivent du lait et des aliments de régime peuvent se passer de lard, de saindoux et de café pendant leur maladie. Cette décision suscite un vif mécontentement.
La région lilloise est libérée à la mi-octobre 1918. La situation ne s’arrange pas du jour au lendemain. Les distributions de nourriture, de vêtement et de chaussures se poursuivent durant une bonne partie de l’année suivante. En décembre 1919, plus d’un an après la libération, la farine est attribuée à chaque village au prorata de sa population par le bureau des céréales de la préfecture du Nord. V. L. (CLP)