4 octobre 1914.
On l’a vu, pour les Allemands, le point principal de contrôle de la RN17 est le Moulin de Lesquin qu’il faut prendre ou contourner. A 10h ils ne sont plus qu’à quelques kilomètres de la lisière sud de Lille. Des uhlans, accompagnés de cyclistes, poussent vers Faches et le Moulin de Lesquin après avoir constaté que les forts de Seclin et Vendeville sont inoccupés.
A 7h, la 3ème batterie du 62ème régiment d’artillerie quitte Armentières pour Loos, elle est mise à la disposition du commandant du 5ème bataillon du 21ème RI qui se dirige sur Ronchin, deux autres batteries vont suivre le lendemain.
A 10h le 1er bataillon du 21ème régiment d’infanterie, stationné sur Merville et Armentières, a ordre de gagner Loos les Lille et y arrive sans encombre vers minuit. Le 2ème bataillon parti à 11h pour la même destination est accroché dès la sortie de son cantonnement par l’ennemi. Il engage un violent combat dans lequel il a vingt et un tués, cent soixante cinq blessés et cinquante quatre disparus puis parvient à gagner Loos dans la nuit avant de s’installer dans une école de Lille à proximité de la Porte de Douai. Le 3ème bataillon parti à 11h arrive à Loos à 5h du matin, le 5 octobre, après avoir échangé quelques coups de feu avec des patrouilles de uhlans. Jean Julien Weber : "On arriva dans la nuit à Haubourdin : de grands goumiers arabes [note] nous regardaient passer, harassés. Ils tâtaient nos galons avant de saluer. A tous les arrêts, les hommes se couchaient sur le trottoir. On alla jusqu’à Loos, devant Lille. Mes cents hommes furent logés dans l’imprimerie de la rue Faidherbe. Nouveau bon accueil. On dormit très bien. Pourquoi nous avait-on amenés là ? Lille était menacée. Il n’y avait là que deux régiments territoriaux. Un corps de cavalerie allemand avait attaqué la ville. Croyant leurs cavaliers beaucoup plus loin, les Allemands avaient même lancé un train de débarquement sur la gare [note] …"
Entre 10h30 et 11h, à La Pissatière, un groupe de cyclistes allemands habillés en civil venant d’Ennetières tourne vers Lesquin après avoir essuyé quelques coups de feu. Quelques instants plus tard, les Allemands attaquent avec deux pelotons cyclistes. L’un se dirige vers le Moulin de Lesquin et perd les deux tiers de son effectif sous les tirs français : la demi-section (L’herbier) de la 3ème Cie du 5ème RIT s’est repliée, permettant ainsi aux mitrailleuses de Dufestel d’ouvrir le feu. L’autre se dirige vers Faches en passant par Vendeville, rampant dans les betteraves. Il est repoussé par la 2ème compagnie du 5ème RIT du capitaine Baudour et n’insiste pas.
Vers 11h30, comme le canon tonne à Ronchin, le général Baquet se porte près de la RN17 [note] qui descend en pente douce depuis un moulin à vent ayant perdu ses ailes et proche d’un vaste trou, vestige d’une ancienne exploitation de carrière. Au loin, vers le sud, une ligne d’arbres : c’est le bois de Vendeville. A l’ouest un petit clocher émerge d’un fond où se blottit le village de Faches. Plus loin encore la tranchée de la voie ferrée Paris-Lille. De la gare de Lesquin aux lisières de Faches, les mille hommes du 5ème RIT du chef de bataillon Caron s’étirent sur un front de 3500 mètres dont le point principal est le Moulin de Lesquin. La 3ème Cie (Debuire) est à la hauteur du chemin de Lesquin à Faches, sur la RN17, flanquée des mitrailleuses de Dufestel, la 2ème Cie (Baudour) est sur la crête qui longe la lisière sud de Faches face à Vendeville. Au 7ème RIT la 6ème Cie (Clerc) est en réserve au Moulin de Lesquin. Au 8ème RIT la 11ème Cie (Lesur) se tient au nord de Ferrières, entre l’Arbrisseau et la voie ferrée Paris-Lille.
Vers 13h, les Allemands installent trois canons de 77 dans le fort de Vendeville et trois autres dans le parc d’Enchemont à Lesquin. La canonnade débute aussitôt. Après une demi-heure de tirs, une centaine de coups, trente trois soldats français de la compagnie Debuire (5ème RIT) sont hors de combat, la ligne de défense se replie. Puis c’est la débandade, les hommes se dispersent à travers champs, plusieurs s’empêtrent dans les trous des champignonnières. Le lieutenant Dufestel parvient à sauver ses mitrailleuses mais, atteint d’une balle à la jambe, c’est le lieutenant Joiret qui prend le commandement et remet la section en batterie sur la crête nord du plateau à la lisière de Ronchin. Jean Julien Weber : "Plus bravement, les deux régiments de territoriaux avaient lâché, sans avoir de grandes pertes."
La 42ème batterie du 41ème régiment d’artillerie, installée à l’Arbrisseau, tire sur Ronchin et Faches entre 17h et 18h.
Des témoignages font part, à plusieurs reprises, de chasseurs à cheval aux environs de Faches et Ronchin. Le 2ème escadron du 4ème régiment de chasseurs à cheval part à 11h pour Lille avec mission de reconnaissance plus spécialement le nord-ouest, le nord et l’est de Lille.
Vers 10h du soir, le 3ème bataillon du 174IR allemand occupe Petit et Grand Ronchin, il se tient à distance des fortifications et ne dépasse pas l’église du Petit Ronchin et le passage à niveau de la ligne Paris-Lille à hauteur de l’institut des sourds et muets. A l’arrière, le bataillon du 20ème Landwehr a dépassé Faches et mit le feu à plusieurs maisons du Moulin de Lesquin, brasier visible à plus de vingt kilomètres.