Toutes ces unités ne passeront pas à Faches-Thumesnil, les journaux de marches et d’opérations, lorsqu’ils sont parvenus jusqu’à nous, en attestent. Plusieurs seront disséminées dans la banlieue lilloise, au gré des alertes. Mais ce n’est là qu’un renfort illusoire : entre le 6 et le 8 octobre, toutes ces unités, à l’exception de quelques fractions d’entre elles encerclées, vont quitter la région lilloise et se diriger vers les collines de l’Artois.
Pour les 17ème, 20ème et 21ème bataillons de chasseurs à pieds, les mouvements sont clairs. Le JMO du 17ème BCP est absent pour la période du 11 août au 3 octobre. Mais on apprend que le 4, ses compagnies sont en position à Hellemmes, Flers et Mons en Baroeul. Quant au 20ème BCP, il arrive à 15h le 4 octobre à La Madeleine après avoir traversé Lomme et Lambersart. La 1ère compagnie doit ensuite se porter sur Mons en Baroeul, la 2ème sur les Rouges Barres et la 4ème sur la ligne de chemin de fer. Mais l’action de l’ennemi empêche d’atteindre les Rouges Barres et Mons. Enfin, le 21ème BCP est à Ennetières en Weppes le 4 lorsqu’il reçoit l’ordre de gagner Saint André.
Pour ces trois unités, la journée du 5 octobre se passe de la façon suivante : Fives paraissant inoccupé, le 17ème BCP lance plusieurs reconnaissances tout en restant sur ses positions de la veille : Hellemmes, Flers et Mons en Baroeul. Au 20ème BCP on tient toute la journée les ponts de Wambrechies et Marquette avec les hommes du 21ème présent depuis la veille.
La journée du 6 octobre, les 17ème et 20ème BCP conservent leurs positions alors que le 21ème décroche pour La Bassée. Dans la nuit du 6 au 7, le 20ème BCP quitte son secteur pour Haubourdin, il est suivi le 8 par le 17ème qui se met en route pour Haubourdin également. Ces trois bataillons seront ensuite engagés dans le Pas de Calais : Notre-Dame de Lorette, Vimy, Hulluch, Loos en Gohelle, Vendin le Vieil … à l’exception de plusieurs escadrons du 20ème qui verront leur route barrée par l’ennemi et devront se retrancher dans Lille où ils seront capturés. Mortellement blessé, le colonel Clémencon, chef du régiment, décédera à Lille le 10.
Le 11ème régiment de génie, 11ème compagnie, est signalé à Lomme le 4 octobre et le lendemain à Loos.
Le 4ème régiment de chasseurs à cheval, débarqué à Merville le 3 va se regrouper dans la région de Lillers les deux jours suivants avant de se replier sur Saint Pol le 6 et Ablain Saint Nazaire le 8. Les archives sont maigres mais l’on sait que certains de ses escadrons vont être brièvement engagés dans la région de Lille.
Le 6ème escadron de chasseurs à cheval va effectuer des reconnaissances, le 4, sur Pont à Marcq et Roncq tout en faisant le coup de feu du côté de Fives, à la Porte de Tournai. Du 5 au 9 il patrouille sur le secteur Ascq, Seclin et Fretin avant d’assurer la défense de la Porte de Béthune le 10 puis de combattre aux Portes de Béthune et des Postes le 11. Ses hommes seront capturés lors de la chute de la ville.
Le 17ème régiment d’infanterie a reçu l’ordre, le 4 octobre à 10h45, de se porter sur Lille avec mission de prendre position au faubourg de Fives. Malheureusement, l’ennemi qui a tenté un coup de main sur Lille empêche le mouvement. Le 5, le régiment reçoit l’ordre de poursuivre sa mission. Passant par Fives il atteint Hellemmes sillonnée par des patrouilles ennemies. A l’issue d’un violent combat, qui coûte aux Français un tué et deux blessés, les Allemands sont repoussés au-delà du village. Mais à 21h, les Français reçoivent un nouvel ordre de repli sur La Bassée puis Haisnes …
Le 109ème régiment d’infanterie n’atteindra jamais Lille. Parti de Vieille Chapelle à 16h le 3 octobre, il a ordre de gagner Fournes. Le 5, un détachement se porte sur Lens pour soutenir les divisions de cavalerie qui opèrent dans ce secteur mais un nouvel ordre envoie le régiment sur Fleurbaix et Fournes. Ordre rapidement annulé, La Bassée et Haisnes deviennent les objectifs. A 18h le régiment est éparpillé entre Lens, Bénifontaine, Hulluch et Haisnes. Mais une partie des hommes va prendre part à l’attaque, on le verra plus tard, menée sur Ronchin le 5 à 10h. Le 6 octobre la troupe reçoit l’ordre d’occuper Vendin le Vieil et Pont à Vendin alors qu’elle attaque sur Loos en Gohelle. Les jours suivants le 109ème RI qui est toujours sur ce secteur prend part à la bataille de l’Artois.
Au 62ème régiment d’artillerie dont les batteries ont été débarquées à Armentières le 4 octobre on se presse : si les 4ème et 5ème batteries se portent sur Saint André, les 2ème, 3ème et 6ème vont soutenir l’attaque sur Ronchin.
Dernière unité de la 13ème division d’infanterie, le 21ème régiment d’infanterie qui va passer par notre commune. Le 4 octobre, ses bataillons effectuent des missions isolées depuis Armentières et Merville.
Et dans ce régiment, le lieutenant de réserve (il passera lieutenant à titre temporaire le 3 novembre) Jean Julien Weber, jeune prêtre âgé de vingt-six ans [note] .