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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

De la pièce d’or au billet de nécessité

En janvier 1916, face à cette anarchie monétaire, les allemands réagissent en limitant le doit d’émission de monnaie aux communes les plus importantes.

Pendant toute cette période, ceux qui le peuvent spéculent sur la monnaie officielle. Pierre Bosc, dans son ouvrage paru en 1919, "Les Allemands à Lille", nous apporte beaucoup de précisions ce sujet. Dès 1915, un vrai billet de 100F s’achète 105F en bons de la ville de Lille, en 1917, ce sera 150 à 160F. La différence sera encore plus forte pour la pièce d’or de 100F qui se négociera entre 310 et 320F. Même la petite monnaie des quêtes est recherchée. Certains demandent au bedeau de leur faire de la monnaie sur un billet de Lille de 1F. Tout un chacun essaie de préserver son épargne.

Le 17 octobre 1918 matin, les lillois découvrent que les allemands ont quitté la ville. Le dernier numéro du bulletin de Lille, dirigé par l’occupant publie le communiqué de Charles Delesalle Maire de Lille.

Le 8 novembre, le Numéro 17 de la Dépêche du Nord, un journal d’une seule page recto verso annonce que le Ministre des Finances convoque un représentant de chacune des villes, Lille, Roubaix, Tourcoing pour une conférence au sujet des bons communaux. Le 11 novembre le remboursement des billets de nécessité est annoncé. Le premier versement est effectué à raison de 400F par personne de plus de 16 ans et 120F par enfant. Les remboursements suivants seront opérés à raison de 200F et 60F tous les 15 jours à partir de la date du premier échange.

La situation des familles est difficile, le commentaire du journaliste de la Dépêche est cinglant : Sauf pour la première quinzaine, chaque lillois, non commerçant, va être obligé de vivre avec 400F par mois pendant un temps qu’on ne fixe pas et qui peut durer des années….C’est là une simple aumône alimentaire …Il faut le dire bien haut, le public a le droit absolu d’obtenir le remboursement des bons communaux.

L’activité commerciale est littéralement bloquée. Les banquiers lillois qui disent ne rien comprendre aux stipulations qui les concernent refusent de remettre de la monnaie française à leurs clients. Les commerçants ne peuvent rien acheter car leurs fournisseurs exigent de la monnaie d’Etat. Cette situation provoque une hausse des prix de détail.

Dans le même temps l’Etat fait appel au patriotisme monétaire des habitants, il les incite à déposer les pièces d’or qu’ils ont pu conserver en échange de bons de l’emprunt de reconstruction.

L’après-guerre s’avèrera difficile. La guerre provoque en France une baisse de la valeur des billets officiels bien plus forte que chez ses alliés, mais sans aucune mesure comparable avec ce qui se passe en Allemagne. En 1920, les prix de gros sont multipliés par 6 par rapport à 1913. Une livre sterling valait 25F pendant la guerre, son cours est de 150 en 1926. Le franc ne se stabilisera qu’en 1928 grâce à Poincaré qui restaure la convertibilité du franc en or. (Un franc valait 65.5 mg d’or contre 327 ,5 en 1914). Sa valeur est divisée par 5.

Pendant cette période face au manque de numéraire, les chambres de Commerces émettent à leur tour des billets et des pièces qui auront cours jusqu’en décembre 1925 pour les départements du Nord et du Pas de Calais. En Allemagne la dévaluation est encore plus catastrophique ce qui amène le pays à imprimer des billets dont la valeur faciale nous étonne encore ?

Face à ces tempêtes monétaires, bien peu de gens ont conservé les bons de ville, c’est aujourd’hui une curiosité, un objet de collection pour l’amateur d’histoire.