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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

La vie des comités

A Faches-Thumesnil

Le comité doit subvenir aux besoins de 4 400 bouches reparties en 1 664 cartes familiales, la tâche n’est pas facile, les incidents sont fréquents. Comme nous pouvons le constater sur un courrier en date du 29 mars 1916, adressée à Monsieur Colliez du service du ravitaillement par un facteur des télégraphes employé au ravitaillement du pain, les faits mentionnés relèvent principalement de comportements inadaptés :

  1. Le 2 Mars, Madame Anselin, 47 rue Ferrer, se présente l’après-midi, à l’heure prévue pour une distribution de lard. L’horaire avait été modifié le matin même par simple affichage au local, regroupant toutes les convocations le matin. Elle demande à être servie quand même, le préposé lui répond : « vous pouvez vous retirer, votre présence me dégoute ! »

  2. Madame Olivier fait remarquer que le lard est destiné à être fumé, il ne doit pas être découpé en petit morceaux. Elle se voit menacée de retrait de sa carte de ravitaillement.

  3. Le 19 février, Mademoiselle Louart, lors de la distribution de lard et de cristaux de lessive se plaint de devoir faire deux fois la queue, la dame de la mairie déchire sa carte.

  4. Mademoiselle Leclerc, 121 rue Carnot, paye pour avoir du café et du sel. Le préposé refuse de lui donner du sel et lui dit qu’elle n’a pas de réclamation à faire.

  5. Mademoiselle Leclerc, 120 rue Carnot, probablement apparentée à la précédente, est expulsée d’une distribution de vêtements par le préposé après s’être entendu dire publiquement : « Vous m’avez menti ! Vous êtes une menteuse ! Vous pouvez vous retirer ! »

  6. Une dame de la mairie refuse un ayant droit parce qu’il est postier.

  7. En cours de distribution, on change le récipient qui sert à mesurer le riz, mais on ne change pas le prix.

Les incidents se poursuivent. Monsieur Renard, inspecteur de district intervient. Sa lettre du 7 novembre à Monsieur Labbé décrit objectivement la situation : le préposé ne possède pas les qualités de sang froid pour discuter avec le public… La rigueur des règlements rendait la foule plus ou moins nerveuse et envenimait le moindre incident… La distribution de vêtements a commencé sans organisation préalable. C’est ce qui a fait que quelques-uns ont bénéficié d’avantages qui ont été refusés à d’autres…

Sa conclusion éloquente : En résumé les quelques personnes que j’ai pu voir dans la commune m’ont confirmé l’impression personnelle que j’avais sur toutes ces critiques : elles sont justes quant au manque d’organisation ; elles sont sans fondement quant aux faits signalés et constatés. C’est le sort de bien des installations locales montées provisoirement au début et qui ne comportaient que quelques denrées complémentaires d’alimentation ; depuis, le temps a passé, le Comité est devenu le seul fournisseur du village et alors les services se sont trouvés insuffisants pour l’importance des marchandises à distribuer.

Suite à son intervention, la commission locale s’installe dans des dépendances de l’usine Duhem pour une meilleure organisation spatiale, la comptabilité est faite sur un grand livre et non plus sur des feuilles volantes et on adopte un système de fiches pour les denrées.

Les produits disponibles sont affichés à l’avance. A chaque distribution il est remis à chaque porteur de carte une fiche sur laquelle figurent les produits et leur prix. Le paiement se fait chez les dépositaires attitrés qui remettent en échange un carton de couleur bien distincte suivant la valeur. Cet échelon préalable permet d’éviter les billets qui n’ont plus cours ainsi que la fausse monnaie. La commune est ainsi payée bien avant la distribution.

Les ayants droit sont convoqués par ordre croissant de famille, une personne, puis deux, trois suivant un horaire affiché au local. Les rations sont préparées et pesées à l’avance. Lorsque la carte est présentée au bureau, le vérificateur énonce à haute voix la somme qui doit être remise au caissier. Le client passe alors dans la salle de distribution où la carte est pointée d’une marque indélébile qui varie à chaque distribution. Le bureau tient une comptabilité matière et une comptabilité argent.

Les malades sont reçus à part le vendredi au moyen de rations préparées à l’avance, pour éviter tout litige si pour des raisons médicales les salaisons sont remplacées par un autre produit.